L'édition originale des Cousines de la colonelle, « roman galant naturaliste », fut publiée en 1880 par Gay et Doucé, célèbres éditeurs de littérature érotique, sous le pseudonyme de vicomtesse de Cœur Brûlant.
On sait aujourd'hui que son auteur fut la marquise de Mannoury d'Ectot (1835-1890), petite-fille du chimiste Nicolas Leblanc. « La petite-fille de Leblanc était donc devenue antibonapartiste et antirépublicaine, états d'esprit assez bien vus à l'époque. Elle acquit le titre de marquise en se mariant vers 1856 et se piqua assez tôt de belles lettres. Après un mémoire sur Leblanc, elle écrivit aussi les Mémoires d'un tailleur pour dames, sous le pseudonyme cartésien de Femme Masquée. Jules Claretie – qui était le Bernard Pivot du temps, lui, dans un fauteuil à l'Académie française – avait toutes les raisons du monde de déclarer 1880 année pornographique. Certes, Eugène Sue et Émile Zola étaient visés, mais nul mineur n'avait encore coupé la verge d'un tyran. La cible intéressait tout le naturalisme. »
La marquise tenait salon dans son château normand, près d'Argentan, et recevait des poètes et des artistes : Paul Verlaine, le compositeur Charles de Sivry, Charles Cros, Guy de Maupassant, Félicien Rops, etc. La roue tourne : devenue veuve et ruinée, on la retrouve à Paris à la tête d'une agence matrimoniale et auteure de romans libertins. Grâce à des amitiés nouées dans les milieux artistiques et littéraires elle réussit à intéresser un éditeur, Kistemarker, qui passe le manuscrit des Cousines de la colonelle à Gay, un de ses confrères. « Le sentimentalisme s'entortille au libertinage ».
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