Stéphane Piatzszek
Stéphane Piatzszek n'a pas toujours vécu à Paris, mais en banlieue, toute son enfance. Et il a haï la banlieue, "ce No man's land de laideur qui n'est ni la grande ville, ni la campagne". Bref, il y était malheureux. Au départ, il voulait être flic... Alors, il a fait du droit. Mais du fait d'un léger problème avec l'autorité, plus il vieillissait, moins il se voyait flic... Il a bossé quelques années au théâtre, mais le milieu crevait, il manquait d'air alors il a pensé que ce n'était pas là non plus qu'il fallait aller... Il est finalement devenu prof pour gagner sa croûte, en plein milieu d'une cité H.L.M. du Val de Marne, un coin très pauvre. Au bout de cinq ans, il a jeté l'éponge, pas à cause des mômes, durs mais sympas et débrouillards pour la plupart, mais de ses collègues qui lui sortaient par les trous de nez... Et puis, il était, selon ses propres termes, un pédagogue catastrophiques. Il était également à cette époque journaliste de presse économique, mais là encore, c'est une vocation et il ne l'avait pas. Comme il écrivait bien, il a fait des rencontres et travaillé mais là encore, mieux valait aller voir ailleurs : plus personne ne lit la presse, juste des journalistes et ils sont de moins en moins nombreux...
Aujourd'hui, il n'est plus du tout journaliste... Faut choisir : ou tu es du côté de la production, ou de ceux qui la commentent. Ceux qui font les deux te disent : "il faut bien vivre"... À quoi il leur répond : "je ne vois pas la nécessité...". Là-dessus, il fait figure d'intégriste, mais il a vu trop d'abus. Quand il était journaliste de cinéma, des collègues écrivaient les fascicules de DVD, ça le choquait... Comment tu mords la main qui te nourrit ? Il est finalement allé vers la BD parce qu'un scénariste y a une liberté formidable ! On peut aller très loin, chauffer son histoire au rouge, sans vraiment se cogner à la censure, aux standardisations de tous poils et aux contraintes économiques. Si, en France, un scénariste dit à un producteur télé ou ciné : "j'ai une idée formidable, il suffit de créer une planète en studio et de..." avant qu'il ait fini sa phrase, des vigiles le foutront par la fenêtre. Et puis il aime le boulot avec le dessinateur et l'éditeur, parce que c'est de l'artisanat. Les auteurs peuvent polir leur petit bijou dans leur coin, en secret...
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