Marie, jeune fille rêveuse qui consacra toute sa vie à l'écriture, a été à l'origine d'une oeuvre surabondante dont la publication commence en 1903 avec Dans les ruines. La contribution de Frédéric est moins connue dans l'écriture que dans la gestion habile des contrats d'édition, plusieurs maisons se partageant cet auteur qui connaissait systématiquement le succès. Le rythme de parution, de plusieurs romans par an jusqu'en 1925, et les très bons chiffres de ventes assurèrent à la fratrie des revenus confortables. Ils n'empêchèrent pas les deux auteurs de vivre dans une parfaite discrétion, jusqu'à rester inconnus du grand public et de la critique. L'identité de Delly ne fut en fait révélée qu'à la mort de Marie en 1947, deux ans avant celle de son frère. Ils sont enterrés au cimetière Notre-Dame de Versailles.
Delly (1875-1947) (1876-1949)
"Hoël ouvrit la porte de chêne vitrée de petits carreaux et descendit les trois marches de granit usé qui menaient à la cour pavée précédant le jardin.
Derrière lui s’élevait la vieille façade du manoir de Lesvélec. Le granit autrefois gris pâle, extrait de carrières voisines, avait pris des tons sombres. Autour des fenêtres à petites vitres verdâtres courait un rinceau sculpté représentant des coquillages et se terminant, au-dessus de chacune d’elles, en une accolade formée de deux serpents.
La cour était bien tenue, sans herbe parmi les pavés, usés eux aussi. À droite, sur un haut mur, s’étendait l’admirable floraison de camélias roses et blancs. Mais le jardin était négligé. Les arbres, poussant à leur guise, étouffaient de leur ombre les plantes à fleurs, autrefois nombreuses et bien soignées. Les allées, désherbées deux fois dans la saison d’été, reprenaient vite leur frais tapis vert. Dans l’abondant feuillage, les oiseaux avaient trouvé une agréable demeure et leur gazouillement emplissait l’ombre où s’avançait Hoël de Penandour.
Cet adolescent maigre et brun était le descendant de vieilles races bretonnes. Ses traits fins, son teint mat légèrement doré, ses cheveux noirs qui tendaient à boucler, il les tenait de son aïeule maternelle, une Rosnoan, de Trégaz-en-Léon. Les Penandour, marins ou agriculteurs, les deux souvent ensemble, lui avaient légué ces yeux aux teintes changeantes d’océan. De sa mère, la douce Anne de Cléden, morte en lui donnant le jour, il héritait la souple allure un peu indolente, les goûts artistiques et intellectuels."
Qui des deux sera le plus fort ? l'amour ou la haine...
Título : La villa des Serpents
EAN : 9782384422821
Editorial : La Gibecière à Mots
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