Jean Giono
Fils d’un immigré italien, Jean Giono est né le 30 mars 1895 à Manosque dans les Alpes-de-Haute-Provence. Après la guerre, au cours de laquelle il combat au Chemin des Dames, il retrouve son emploi dans une banque, jusqu’au succès de son premier roman, Colline, l’histoire de la vengeance de la terre contre les hommes qui l’exploitent sans discernement. En 1931, il évoque la guerre pour la première fois dans Le Grand Troupeau, où il oppose l’horreur du front à la paix des campagnes provençales. Après Le Chant du monde en 1934 – un de ses plus beaux livres dans lequel des intrigues amoureuses et violentes se nouent autour d’un homme puissant et farouche, dégoûté de la vie depuis la mort du seul être qu’il aimait – Giono ressent le besoin de renouveler son univers romanesque et écrit Deux cavaliers de l’orage, un roman de liberté et de démesure où l’image du sang est omniprésente. Pacifiste convaincu à la veille de la guerre, Giono est inscrit en 1944 sur la liste noire du Comité national des écrivains. Dans son Journal de l’époque, il se montre rétif à tout engagement, indifférent à la calomnie. Il puise dans cette épreuve une nouvelle vigueur et compose le cycle du « Hussard », l’histoire d’Angelo Pardi, un jeune Piémontais contraint d’émigrer en France. Le cycle commence avec Angelo, continue avec Le Hussard sur le toit où le choléra, figure de la guerre, frappe et se propage dans tout le Midi, et s’achève avec Le Bonheur fou pendant la révolution italienne en 1848. Les chefs-d’œuvre se succèdent : Un roi sans divertissement, Les Âmes fortes, Le Moulin de Pologne. Dans les dernières années, malade, il écrit Le Déserteur en s’inspirant d’un personnage mystérieux dont il fait un véritable héros de roman : un Français qui, un siècle auparavant, s’était réfugié dans les montagnes du Valais. Son dernier roman, L’Iris de Suse, retrace la vie de Tringlot, voleur, pillard de maisons et complice d’assassins qui se réfugie dans les montagnes pour échapper à ces derniers. Là, contre toute attente, il s’éprend d’une baronne et sa vie va s’en trouver transformée. Auteur de vingt-quatre romans achevés, de nombreux recueils de nouvelles, de poèmes, d’essais, d’articles et de scénarios, Giono, en marge de tous les mouvements littéraires du XX&esup;e siècle, a su allier une extrême facilité d’invention aux exigences d’une écriture toujours en quête de renouvellement. Cet extraordinaire conteur est mort en 1970.
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