De l’homme qui aimait les livres au personnage de roman, l’ascension politique de François Mitterrand ne peut être séparée de la littérature. Ce portrait de l’auteur du Coup d’État permanent retrace les différentes postures lettrées endossées par un homme de pouvoir qui se rêva homme de Lettres avant d’être embaumé comme monarque républicain et grand écrivain.
Si la symbolique lettrée a joué un rôle essentiel dans la fabrique de la gloire mitterrandienne, elle s’inscrit aussi dans l’ombre portée du général de Gaulle. Fondateur d’une République, l’homme du 18 Juin condense grandeur politique et grandeur littéraire, obligeant ses successeurs à mêler à leur tour carrière de la plume et du suffrage. L’attrait mitterrandien convoque alors un autre récit : celui du roman national. Cette fascination qu’exerce la littérature sur nombre d’hommes politiques français n’en soulève pas moins des interrogations. Pourquoi les hommes politiques s’adonnent-ils à la passion littéraire ? Pourquoi la littérature est-elle une composante indispensable de tout destin national ?
À travers l’exceptionnelle trajectoire de François Mitterrand, c’est cette liaison durable du politique et de la littérature au sommet de l’État qui se trouve élucidée. Elle dévoile une esthétisation du politique et une sacralisation de la littérature. Elle explique les raisons de cette exception hexagonale élevée au rang de mythologie : celle de la France, nation littéraire. Elle permet de comprendre la complicité qui unit, depuis l’Ancien Régime, l’homme de Lettres et l’homme d’État.
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