François Matton est né à Paris en mars 1969.
Enfance heureuse et insouciante perturbée par de violentes crises d’asthme.
Bon élève dès la maternelle (bien qu’un peu effacé), il le restera jusqu’à la fin de ses études aux Beaux-Arts de Reims et de Nantes.
Vivant de peu, se contentant d’un rien, son existence frappe par son absence totale de faits remarquables : aucun voyage à l’étranger, aucune aventure amoureuse, aucune rencontre fondatrice, aucune ambition sociale, nulle tentative de sortir de l’ordinaire.
Il passe beaucoup de temps dans les bibliothèques municipales à feuilleter tout ce qui lui tombe sous les yeux : de vieux romans jaunis, des guides de voyage aux quatre coins du monde, des récits d’aventures exaltés, des bandes dessinées écornées, des ouvrages mystiques, des livres de recettes.
Mis à part de fréquentes promenades non loin de chez lui, son unique plaisir consiste à rester seul dans son appartement à ne rien faire. Il a d’ailleurs pour cela une disposition qui, pour le coup, semble exceptionnelle. C’est un peu comme si ne rien faire coïncidait chez lui avec le plus grand sentiment d’être.
Être quoi ? Essentiellement rien – et c’est de cela qu’il tire sa joie.
La conscience de n’être rien l’amène au cœur du monde. N’étant rien, il prétend se faire espace d’accueil pour tout. Et c’est précisément cette ouverture qui le pousse à dessiner ce qu’il appelle « les infinies manifestations du même ».
Il voit dans sa pratique du dessin, qu’il lie à l’écriture, une façon de célébrer tout ce qu’il perçoit : le plus proche comme le plus lointain, le plus trivial comme le plus noble, le plus grave comme le plus léger. Tout vient se placer sur sa feuille sans aucune hiérarchie. Tous les registres se mêlent indifféremment, ce qui donne lieu à de curieuses rencontres.
C’est là que commence et finit la seule curiosité d’une existence des plus effacées.