Spinoza s’est consacré à la philosophie parce qu’il s’est demandé comment il devait vivre. Les hommes ont des genres de vie différents, chacun doit choisir le sien ; il s’agit de faire le choix le meilleur, et c’est là le problème que Spinoza s’est proposé de résoudre. Spinoza commence par regarder les hommes autour de lui. Comment vivent-ils ? Leur conduite répond pour eux. Le souverain bien consiste à leurs yeux dans ces trois choses : richesses, honneurs, plaisirs, et ce sont en effet les biens qui se présentent le plus fréquemment dans la vie, dont il est le plus facile de jouir. Une opinion qui s’appuie sur l’expérience la plus générale, qui exprime la vie commune de l’humanité, n’est certes pas négligeable ; mais, pour en apprécier la valeur, deux conditions sont naturellement requises : expérimenter ces biens, afin de se prononcer en toute connaissance de cause, et conserver en même temps sa parfaite tranquillité d’âme, afin de se prononcer en toute liberté de jugement. Or est-il possible de réunir ces deux conditions ? Sommes-nous capables à la fois de jouir et de juger ?
Les chapitres du présent ouvrage résument des leçons faites à la Sorbonne durant l’hiver 1932-1933. Elles avaient pour auditeurs des jeunes gens que nous savons touchés et menacés par le désordre de la société où ils entrent. Ils ont raison de vouloir que demain ne ressemble pas...
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