Stephen WRIGHT
Stephen Wright est né en 1946 en Pennsylvanie et a grandi à Cleveland. Il doit interrompre des études à l’université d’État de l’Ohio car il est appelé sous les drapeaux. Il hésite à brûler son ordre d’incorporation mais rejoint finalement l’École de renseignement pendant quatre mois avant de servir au Vietnam de février 1969 à novembre 1970. De retour aux États-Unis, il s’inscrit à l’atelier d’écriture de l’université de l’Iowa. L’un de ses professeurs n’est autre que John Irving, premier lecteur attentif et attentionné du livre qui deviendra Méditations en vert. Achevé en 1980, publié en 1983, ce roman connaît un réel succès critique et public, gagne le prix Maxwell-Perkins et le soutien fidèle d’écrivains comme Don DeLillo.
Stephen Wright publie son deuxième roman, M31 : A Family Romance (inédit en français), en 1988. Malgré le bon accueil de la presse et les éloges de Russell Banks, le livre ne rencontre pas le public et Wright en est très affecté. Alors que le projet de La Polka des bâtards est en cours, il l’interrompt et revient en 1996 avec un autre roman, États sauvages (Gallimard, 1997). Ce livre installe Stephen Wright comme un auteur majeur.
Après trois romans qui sont comme trois tableaux apocalyptiques d’une réalité ultra-contemporaine, et le long silence qui a suivi, on aurait pu s’étonner de voir Wright se tourner vers le passé, en l’occurrence les années 1850 et la guerre de Sécession avec La Polka des bâtards publié en 2006 aux États-Unis. Mais ce projet longuement mûri n’a rien d’un simple roman historique. Il constitue avant tout une interrogation sur l’Amérique et la pérennité de ses problèmes (violence, rapports interraciaux) ainsi qu’une réflexion sur le caractère destructeur de l’utopie sous toutes ses formes. Sous couvert d’évoquer le passé, ce roman parle de l’Amérique, ici et maintenant. Et si le tableau de la boucherie guerrière, hérité de Méditations en vert, évoque forcément la guerre d’Irak, le questionnement à l’œuvre ici fait de ce roman un livre clé de l’ère Obama.
Stephen Wright a enseigné, de Princeton à l’université Brown en passant par la New School. Aujourd’hui, il vivrait dans une communauté de motards et travaille sur un nouveau livre, Haunted Houses, dont il dit : “c’est sur l’amour et le sexe et ça ne va pas être joli.”
Les quatre romans de Stephen Wright suffisent à constituer une œuvre majeure, cohérente et quasi prophétique. Il se revendique d’une longue lignée de marginaux exigeants, de Melville à Faulkner, travaillés par le souci d’une forme singulière qui échappe à la “voix de l’époque” pour mieux en dire la vérité profonde.
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