Né en 1914 au bourg de Pouldreuzic de parents ouvriers agricoles. La seule langue utilisée hors de l'école était le breton. Il est actuellement professeur agrégé de lettres à l'Ecole Normale du Finistère, chargé de cours de celtique à l'Université de Bretagne Occidentale. A la libération, après avoir été rédacteur en chef de l'hebdomadaire Vent d'Ouest , il est chargé d'assurer à la radio les émissions en breton à l'intention des auditeurs de basse Bretagne. Il écrit des centaines de dialogues illustrant les traits les plus originaux de la vie quotidienne des bretonnants. De petites compagnies d'amateurs représentent dans les campagnes et même dans les villes de la zone bretonnante ses sketches radiophoniques les plus célèbres. Président de la Commission Nationale de Folklore à la Ligue de l'Enseignement, l'auteur dirige pendant plus de vingt ans des stages régionaux et nationaux de civilisation populaire à travers la France. Il fait paraître de nombreux livrets d'études et de contes (éd. Jos Le doare, Châteaulin), et deux grands recueils de synthèse : Le Pays Bigouden et Vivre en Cornouaille (éd. de la Cité, Brest). Enfin, deux livres de poèmes : Manoir secret (1965, Prix Bretagne) et La Pierre noire (1974), rassemblent, en éditions bilingues, l'essentiel de son inspiration poétique bretonnante. Il est décédé en 1995.
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Terre humaine
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Il y a dans la littérature de la France rurale un avant et un après Hélias.
"Trop pauvre que je suis pour posséder un autre animal, du moins le Cheval d'Orgueil aura-t-il toujours une stalle dans mon écurie." Ainsi parlait à l'auteur, son petit-fils, l'humble paysan Alain Le Goff qui n'avait d'autre écurie que sa tête et d'autre terre que celle qu'il emportait malgré lui aux semelles de ses sabots de bois. "Quand on est pauvre, mon fils, il faut avoir de l'honneur. Les riches n'en ont pas besoin." Deux ancêtres de la famille, dit la tradition orale, ont été pendus par le duc de Chaulnes après la Révolte des Bonnets Rouges. Ils avaient dû écraser quelques pieds de marquis parce qu'ils ne pouvaient pas vraiment faire autrement. Au pays Bigouden, on ne redoute rien tant que la honte qu'on appelle "ar vez". Et l'honneur consiste à tenir et à faire respecter son rang, si humble soit-il. Tout le reste est supportable. L'auteur a été élevé dans ce sentiment. Avant d'apprendre le français et d'entrer dans la civilisation seconde qui est la sienne aujourd'hui, il a été éduqué en milieu bretonnant, dans une société qui vivait selon un code strictement établi. Il n'enseigne pas, il raconte minutieusement, paysannement, comment on vivait dans une "paroisse" bretonnante de l'extrême ouest armoricain au cours du premier demi-siècle. Il ne veut rien prouver, sinon que la véritable histoire des paysans reste à faire et qu'il est un peu tard pour l'entreprendre. Il affirme tranquillement que ceux qui jugent les paysans comme des êtres grossiers sont eux-mêmes des esprits sommaires et naïfs. Il ajoute que les hommes ou les régimes qui ont suscité des révoltes de paysans ont fait entrer ces derniers en jacquerie à force de mépriser leur culture. Alors le Cheval d'Orgueil a secoué furieusement sa crinière ! L'auteur n'est pas convaincu, en passant d'une civilisation à l'autre, d'avoir humainement gagné au change. Mais aujourd'hui, la grande question qui se pose est de savoir s'il existe encore des paysans, c'est-à-dire des hommes qui, avant d'être de leur temps, sont d'abord de quelque part où ils doivent se mettre à l'heure du temps qu'il fait.
Prix aujourd'hui (1975)
Título : Le cheval d'orgueil
EAN : 9782259216760
Editorial : Place des éditeurs
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