« En écrivant, j’ai tenté de saisir la texture intime des éléments, la formule chimique de l’amour. J’ai cherché passionnément la « programmation » de l’homme. J’ai essayé d’attraper la beauté de la nature : la beauté d’une feuille d’arbre, d’une gazelle, d’un océan. Je suis allé à l’école de la forêt, à l’école du ciel. Mes modèles, ce sont la source sur les cailloux, la sève le long de l’arbre, le sang dans les veines... c’est le craquement d’une pomme de pin, le ballet de la libellule, la rocambolesque pie, l’écho du coucou... l’appel mélancolique du laboureur dans la perspective, l’aboi là-bas qui se mord la queue d’un chien de chasse, la cloche qui compte ses heures, l’indocile guêpe, l’indicible tourterelle... un éclat de voix, un claquement de fouet, un bourdonnement, un souffle, un soupir... je piaule, je jacasse, je hulule, je courcaille... l’apparition de la mante religieuse me faisait tressaillir jusqu’aux entrailles, le loriot me fascinait, le coq m’affolait... j’eusse aimé voler leurs rythmes aux nuages, au mille-pattes, au Gulf stream.... Voilà mes maîtres, mes archétypes, mes phares, ma pierre de touche et ma patrie. Ah ! qui aura le cœur de me comparer à un concert animal et végétal, à une fête de soleil et d’eaux et non à Vaugelas (j’ai assassiné Vaugelas !) Qui trouvera, quel trouvère, le grand, le petit secret ? On a évoqué, en vain, Rabelais, Apollinaire, que sais-je ? De temps en temps quelqu’un cille les yeux, lève la main. Dernièrement, c’est Henry Bonnier qui voit en moi le style cathare. Un jour, Noam Chomsky, avec ses Structures Syntaxiques, m’a ébloui. Qui va trouver la Clef ? Sera-ce Pierre Tesquet ? »
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