Dans Figures de l’histoire, Jacques Rancière poursuit sa subtile réflexion sur le pouvoir de représentation des images de l’art. Comment fait l’art pour rendre compte des événements qui ont traversé une époque ? Quelle place attribue-t-il aux acteurs qui les ont faits – ou à ceux qui en ont été victimes ? D’Alexandre Medvedkine à Chris Marker, de Humphrey Jennings à Claude Lanzmann, mais aussi de Goya à Manet, de Kandinsky à Barnett Newman, ou de Kurt Schwitters à Larry Rivers, ces questions ne sont pas seulement celles que posent les spectateurs aux œuvres qu’ils rencontrent. Elles sont celles de l’histoire de l’art elle-même. S’interroger sur la manière avec laquelle les artistes découpent le monde sensible pour en isoler ou en redistribuer les éléments, c’est s’interroger sur la politique au cœur de toute démarche artistique. Telle est la démarche de Jacques Rancière, pour qui il n’est pas d’image qui, en montrant ou en cachant, ne dise quelque chose de ce qu’il est admis, dans tel lieu ou à tel moment, de montrer ou de cacher. Mais aussi pour qui il n’est pas d’image qui ne puisse, en montrant ou en cachant autrement, rouvrir la discussion à propos des scènes que l’histoire officielle prétendait avoir figées une fois pour toutes. Représenter l’histoire peut conduire à l’emprisonner – mais aussi à en libérer le sens.
Dans les années 1960, Althusser avait imposé l’idée d’un retour à la vraie pensée de Marx, en phase avec les formes nouvelles de la pensée structuraliste, mais aussi avec les nouveaux espoirs révolutionnaires qui secouaient la planète. Les événements de mai 1968 avaient fait exploser l’althussérisme, pris à revers par la révolte de la jeunesse étudiante et mis au service de la réaction mandarinale.
Au-delà des thèses propres d’Althusser, ce livre écrit il y a près de 40 ans prenait pour cible le retournement des pensées de la subversion au profit de l’ordre. Ce retournement repose sur un présupposé simple: si les dominés sont dominés, c’est qu’ils ignorent les lois de la domination. Et il appartient aux savants d’apporter la vérité aux masses aveuglées, incapables de prendre en mains leur propre destin. En critiquant radicalement l’althussérisme, Jacques Rancière entamait une trajectoire consacrée depuis lors à l’exploration des conséquences de la présupposition inverse, celle de l’égalité des intelligences, d’une capacité commune à tous, qui fonde seule la puissance de la pensée et la dynamique de l’émancipation. Et ce « livre de jeunesse » peut aider la réflexion sur un présent où l’ordre capitaliste a repris à son compte l’argument marxiste de la nécessité historique et scientifique.
Title : La leçon d'Althusser
EAN : 9782358722698
Publisher : La fabrique éditions
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