REYNOLD NICHOLSON
L'imam Jalâl al-Dîn al-Suyû î a maîtrisé tant de sciences et rédigé tant d'ouvrages que nul n'est resté indifférent à sa notoriété. De son nom complet Abû al-Fa l 'Abd al-Ra mân b. Abû Bakr al-H u ayrî al-Suyû î, il fut surnommé Jalâl al-Dîn (la grandeur de la religion). Quant à « al-Suyû î », il s'agit de son nom d'origine (nisba) qui fait référence à la ville d'Assiout située à mi-chemin entre le Caire et Louxor où naquit son père. Quant à notre auteur, celui-ci naquit en 849H/1445 au Caire où il grandit. D'origine persane par son père et circassienne par sa mère, il serait né dans la bibliothèque familiale ce qui lui valut son surnom de « fils des livres » (ibn al-kutub). Son père mourut alors qu'il n'avait que six ans. Plusieurs tuteurs le formèrent et, dès l'âge de quatorze ans, il avait une solide base religieuse. À dix-huit ans, il reprit l'enseignement du droit shaféite qu'exerçait son père à la mosquée de Shay û puis du hadith à la Shay ûniyya en 1472. D'une mémoire prodigieuse, il connaissait par coeur quelques deux cents mille hadiths. Il étudia dans la prestigieuse université d'al-Azhar. Sa formation religieuse le fit voyager de l'Inde au Maghreb en passant par le Shâm, le Hedjaz et le Yémen. Shaféite et asharite, il devint un savant de renom. Puis il s'installa définitivement en Égypte pour y enseigner.
Il se rattacha à la arîqah shâ iliyya et prôna l'équilibre entre la Loi et la Voie. Il se mit assez tôt à écrire et, avant d'avoir atteint la trentaine, ses livres se répandirent très vite hors d'Égypte jusqu'en Inde. Sa renommée le mit bientôt en butte à la jalousie de ses pairs. On lui reprocha notamment son emploi de l'ijtihâd mais sans qu'il fut jugé condamnable. En 1486, jugeant corrompu le milieu des 'ulâmâ', il se retira du monde et cessa de délivrer des fatâwâ. Ses relations avec le Sultan s'envenimèrent et il s'opposa à lui en diverses circonstances et déclina l'offre que lui fit son successeur de diriger la madra a. D'une façon générale, il rejeta le pouvoir des Mamelouks. C'est en 1501 qu'il se retira totalement dans sa maison de Raw a où il mourut en 911H/1505. Sa sainteté et la valeur scientifique de ses écrits est alors reconnue par tous. Il affirma avoir vu plus de soixante-dix fois le Prophète à l'état de veille et on rapporte à son propos divers miracles. Il prôna la complémentarité de l'exotérisme et du taçawwuf.
Al-Suyû î fait partie de ces savants dotés d'un savoir encyclopédique puisqu'il contribua à toutes les sciences. On lui doit un commentaire du Muwa â` de l'imam Mâlik intitulé Tanwîr al- awâlik, une Alfiya (poème de plus de 1000 vers) en sciences du hadith, une exégèse du Coran co-écrite avec l'imam al-Ma allî connue sous le nom de Tafsîr al-Jalâlayn, mais également l'ouvrage de référence en sciences du Coran qui n'est autre qu'al-Itqân fî 'ulûm al-qur`ân ainsi que l'excellente épître Massâlik al- unafâ en défense des parents du Prophète - sur lui la grâce et la paix.
Il est difficile de recenser l'ensemble de son oeuvre qui dépasse les 600 ouvrages (on lui attribue, à vrai dire, près d'un millier) dont certains se composent de plusieurs volumes.
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