Sociologue français, fils de rabbin, normalien, agrégé de philosophie, Émile Durkheim est né le 15 avril 1858 à Épinal (Vosges). De 1887 à 1902, il enseigne à Bordeaux et rédige des ouvrages dont la postérité est bien supérieure à celle de sa thèse : Les Règles de la méthode sociologique, ouvrage d'épistémologie qui a aussi une fonction de manifeste en faveur de la sociologie, et Le Suicide, travail empirique exemplaire. En 1902, il est nommé à la Sorbonne comme suppléant de Ferdinand Buisson à la chaire de science de l'éducation. Il en devient titulaire en 1906. Ses préoccupations évoluent alors, la religion y occupant une place de plus en plus importante. En développant ce thème, il fonde la sociologie de la connaissance. En 1896, il crée une revue, L'Année sociologique, à laquelle participent ses disciples. Il meurt à Paris le 15 novembre 1917.
S'il est un fait dont le caractère pathologique parait incontestable, c'est le crime. Tous les criminologistes s'entendent sur ce point. S'ils expliquent cette morbidité de manières différentes, ils sont unanimes à la reconnaître. Le problème, cependant, demandait à être traité avec moins de promptitude. Le crime ne s'observe pas seulement dans la plupart des sociétés de telle ou telle espèce, mais dans toutes les sociétés de tous les types. Il n'en est pas où il n'existe une criminalité. Elle change de forme, les actes qui sont ainsi qualifiés ne sont pas partout les mêmes ; mais, partout et toujours, il y a eu des hommes qui se conduisaient de manière à attirer sur eux la répression pénale...
Le lien de solidarité sociale auquel correspond le droit répressif est celui dont la rupture constitue le crime ; nous appelons de ce nom tout acte qui, à un degré quelconque, détermine contre son auteur cette réaction caractéristique qu'on nomme la peine. Chercher quel est ce lien, c'est donc se demander qu'elle est la cause de la peine, ou, plus clairement, en quoi le crime consiste essentiellement.
Il y a sans doute des crimes d'espèces différentes ; entre toutes ces espèces, il y a non moins sûrement quelque chose de commun. Ce qui le prouve, c'est que la réaction qu'ils déterminent de la part de la société, à savoir la peine, est, sauf les différences de degrés, toujours et partout la même. L'unité de l'effet révèle l'unité de la cause. Non seulement entre tous les crimes prévus par la législation d'une seule et même société, mais entre tous ceux qui ont été ou qui sont reconnus et punis dans les différents types sociaux, il existe assurément des ressemblances essentielles. Si différents que paraissent au premier abord les actes ainsi qualifiés, il est impossible qu'ils n'aient pas quelque fond commun. Car ils affectent partout de la même manière la conscience morale des nations et produisent partout la même conséquence. Ce sont tous des crimes, c'est-à-dire des actes réprimés par des châtiments définis.
Título : Crime et fonction du châtiment
EAN : 9782381116051
Editorial : Editions Le Mono
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