Il peut nous arriver à tous de faire l’expérience d’un certain je-ne-sais-quoi que nous avons bien du mal à expliquer, voire à exprimer, alors même qu’il nous change la vie. Mais qu’est-ce au juste que ce « je-ne-sais-quoi » ? Existe-t-il vraiment ? Et comment trouver les mots pour dire l’énigme qu’il renferme et l’ébranlement qu’il provoque ?
Voilà des questions qui nous fascinent aujourd’hui encore. Mais quelle histoire se cache derrière ce « je-ne-sais-quoi » ? Car il fascinait déjà l’Europe des XVIe, XVIIe et XVIIIe siècles, et c’est à cette époque que le mot lui-même a été inventé, ce qui mérite que l’on mène l’enquête, ne serait-ce que pour savoir si ce même mot s’applique toujours à la même chose, au passé comme au présent. Une enquête qui tente de reconstruire l’histoire du je-ne-sais-quoi et de son lacis de significations, à travers différents contextes en Europe, dans la période où il a connu scandales et querelles, splendeurs et misères. Une enquête entre littérature et philosophie, qui analyse de près, entre autres, la force de l’amitié qui unit Montaigne à La Boétie, la haine que partagent le marchand de Venise et son rival dans le théâtre de Shakespeare, l’asile de l’ignorance dans lequel Descartes rejette toutes les qualités occultes des philosophes et le nez de Cléopâtre qui, selon Pascal, remua toute la Terre. Mais une enquête qui tente également, en fin de compte, de sauver le je-ne-sais-quoi de sa propre histoire, en montrant qu’il reste capable, aujourd’hui comme hier, d’esquisser le mystère d’une relation, de dire confusément le charme d’une manière, d’épouser par la parole la grâce inexplicable des choses.
Il y a plusieurs bonnes raisons de voir en Montaigne un Don Quichotte du monde des lettres. Certes, l’analogie entre le chevalier errant espagnol et son contemporain français est loin d’être exacte : non seulement Montaigne vit ses aventures en pensée et non en fait, mais au lieu de moulins à vent, ce sont les Platon de ce monde qu’il combat sans relâche à la recherche d’une vérité fuyante. On pourrait également objecter que le chevalier à la Triste Figure n’a en rien l’esprit sain et éclairé d’un Montaigne. Le plus fou des deux n’est cependant pas toujours celui qu’on croit. Nous verrons en effet qu’il arrive à Montaigne d’affirmer que son esprit l’abandonne en cheval échappé, tandis que Don Quichotte ne parle à tort et à travers qu’en matière de chevalerie : sur tous les autres sujets, il pense clairement et librement. Or c’est précisément ce que Montaigne essaie lui aussi de faire.
Traduction de Thomas Constantinesco
Título : Montaigne libre penseur
EAN : 9791037027863
Editorial : Hermann
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