Il faut renoncer à cette idée que le pathétique forme un royaume inférieur. Il faut renoncer à cette idée que la passion soit trouble ou obscure et que la raison soit claire, que la passion soit confuse et que la raison soit distincte, disait Péguy. Les liens que la rhétorique entretient avec les passions semblent le confirmer, pour elle aussi, les passions sont claires comme l'eau de la fontaine et son principal office consiste à les émouvoir.
Cet essai se propose de réexaminer le rôle attribué à la visée "movere" dans la théorie du discours persuasif, de la logique des passions dessinée par Aristote à la passion du discours qui enflamme Cicéron. L'analyse des affections qui perturbent l'équilibre de l'âme et livrent l'auditeur à la merci de l'orateur a des incidences sur la poétique des siècles classiques, lorsque les "genres d'écrire" se donnent pour but d'émouvoir, mais aussi sur l'écriture et la lecture de la poésie.
L'écrivain ne renonce pas à séduire quand bien même il feint de vouloir déplaire. L'entreprise de séduction se trouve précisément au coeur de l'exercice oratoire. La rhétorique interroge la parole vive dans sa relation au désir.
Texte de couverture
SOMMAIRE
Avant-propos
Introduction - L'empire rhétorique
La rhétorique et les passions
La logique des passions
La passion du discours
Portraits de l'orateur
Figures de la passion
Incidences de la rhétorique : la poétique de la Renaissance et les passions
Rhétorique de la peinture : la séduction des images
Ethique et rhétorique : les passions aux XVI et XVII siècles
Conclusion : La passion de la passion
Cet essai retrace le parcours de la philosophie morale, de l'Antiquité à la Renaissance, lorsqu'elle s'attache à mesurer le rôle de l'humeur colérique dans le champ de l'affectivité. Les médecins de l'Antiquité, Hippocrate et Galien, qui voient dans le déséquilibre humoral la cause des maladies physiques et mentales, tiennent la colère pour responsable de graves perturbations ; les moralistes exploiteront le savoir médical pour dénoncer les dangereux effets de l'irascibilité, susceptible d'emporter jusqu'au délire quiconque ne sait pas résister à cette impulsion. Dans le procès de la colère, toujours enflammé, Aristote, sur les bancs de la défense, est son avocat le plus ardent : elle est à ses yeux, comme l'assurait Achille, « beaucoup plus douce que le miel ». S'attachant à définir la logique des passions, il a l'originalité d'arracher la colère au champ de l'irrationnel, en montrant qu'elle peut prêter l'oreille à la raison, et il la tient alors pour l'alliée efficace du courage et de la vertu. On a prêté attention aux arguments d'Aristote lorsqu'il se dresse en défenseur d'une juste colère, et à ceux des humanistes, comme Aubigné ou Sponde, qui attestent qu'il est des fureurs légitimes : la colère qui « brûle le foie » de Juvénal devant le spectacle des injustices est assurément juste.
Título : Éloge de la colère
EAN : 9791037033079
Editorial : Hermann
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